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Ici, deux extraits de nouvelles d’anticipation, Nouvelles de demain (en cours d’écriture), que j’aimerais insérer dans un recueil de cinq ou six nouvelles. Pour moi, la nouvelle permet un condensé de suspense et des retournements comme on n’en trouve pas dans les autres formes littéraires. Avec Nouvelles de demain, je souhaite « proposer » plusieurs futurs possibles, et m’amuser à imaginer un panel de lendemains, autant désastreux que ré enchantés, ou mitigés… 

" Sibylle était arrivée dans le Jardin des Plantes. Elle avait fini par s’habituer à ces nouvelles plantes ultra résistantes à la sécheresse comme aux fortes pluies, des plantes grasses méditerranéennes aux allures d’alien ou de plantes de l’ère jurassique. Il avait fallu oublier les cosmos, les orchidées, les marguerites, les iris, les bégonias, les roses, les soucis, les clochettes, qui n’avaient pas fait long feu devant la pollution et la canicule. Les arbres tenaient encore bon, sauf certains fruitiers trop fragiles. Elle s’assit sur un banc et contempla le Jardin, dont la vue, malgré tout, lui faisait du bien et apaisait son esprit. Elle trouvait presque un certain charme, à présent, aux objets qui s’étaient fondus dans le paysage. Un vieux robot ménager était appuyé contre le chêne centenaire, comme s’il était venu mourir là tout exprès. Un ordinateur ouvert était calé entre le puits et un buisson. Un petit robot chien était allongé au pied du palmier. Un peu partout, des résidus de plastique de couleurs diverses semblaient vouloir fusionner avec le sol ; on devinait qu’ils étaient là depuis longtemps et qu’il leur faudrait encore des décennies, des siècles peut-être, avant de se désagréger complètement. Insouciants, au milieu de ce paysage hétéroclite, quelques enfants jouaient, s’inventant toutes sortes d’histoires, s’emparaient d’un de ces objets dont ils imaginaient la vie d’avant. Sibylle se demanda si le monde dans lequel ils vivaient à présent influençait leur imaginaire, et à quel point." 

 

(extrait de Implosion générale dans Nouvelles de demain, 2020)

"C’est alors que Nadia remarqua un petit grésillement, qu’elle prit d’abord pour une mise à jour automatique d’un de ses appareils électroménagers. Puis le grésillement s’accentua, et Nadia se dirigea vers le salon, d’où il semblait provenir. Près du sofa, elle vit ce petit robot qu’elle avait acheté l’avant-veille dans une brocante et qu’elle avait complètement oublié. C’était un de ces premiers robots inventés dans les années 2020, de style rétro futuriste, à la R2D2, comme on se plaisait à les concevoir à cette époque, reflets d’un imaginaire collectif qui perdurait depuis les années 1970… Nadia l’avait trouvé adorable et s’était dit qu’il ferait bien dans sa déco. Le vendeur lui avait fait un bref topo sur la fonction du petit robot, mais Nadia ne l’avait écouté que d’une oreille, car au même moment son oreillette lui donnait les recommandations journalières automatiques sur son alimentation. C’était une des particularités de la société des années 2040. Vous pouviez être en train de raconter votre dernier exploit de trekking dans les Pyrénées et votre face à face avec un ours, votre interlocuteur pouvait tout à coup déconnecter complètement de la discussion, le regard plongé dans le vide. C’était parce que son oreillette était en train de lui faire un point santé, sport et alimentation. A force, on avait appris à ne pas se formaliser, d’autant que tout le monde était concerné. Et puis ça durait à peine une minute, l’interlocuteur se rebranchait ensuite immédiatement sur son fil de discussion réel."

 

(extrait de L'âme des robots dans Nouvelles de demain, 2020) 

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